Université d'Eté 2018 du secteur Langues du GFEN

LANGUES ET CITOYENNETE

10ème Université d'Eté du Secteur Langues du GFEN
21-22-23-24 août 2018

L'éducation du futur citoyen est une préoccupation ancienne largement affirmée et
revendiquée dans les instructions officielles de l’Ecole d’aujourd’hui : « La classe et
le groupe constituent une communauté d’apprentissage qui établit les bases de la
construction d’une citoyenneté respectueuse des règles de la laïcité et ouverte sur la
pluralité des cultures dans le monde. » (BO spécial n°2 du 26 mars 2015). L’apprentissage
des langues et le plurilinguisme, à cet égard, constituent un espace particulièrement
approprié pour permettre l’ouverture aux autres, la compréhension réciproque, et la
reconnaissance des différences, contre « la xénophobie et les réactions ultranationalistes
brutales » (CECRL, 2001) ; les connaissances nécessaires pour partager les différences et
les dépasser afin de découvrir les autres comme ses semblables, apprendre à vivre et à
agir avec eux.
Pour autant, force est de constater le décalage entre les discours affichés et la réalité des
inégalités et discriminations qui s’aggravent, les intentions déclarées et les
comportements manifestés. A l’école, l’exigence de citoyenneté se limite encore trop
souvent à la dénonciation des incivilités ; les différentes instances de représentation des
apprenants sont réduites à un rôle consultatif et sollicitées majoritairement dans une
perspective de maintien de l’ordre.
Par ailleurs, l’Histoire nous montre que le fait de parler plusieurs langues n’a jamais
immunisé contre la xénophobie et l’exclusion, ni empêché les génocides, ni protégé contre
l’individualisme et la compétition. Les dimensions utilitaristes ou de seule ouverture
culturelle ne sauraient contribuer à la construction d’une citoyenneté fondée sur des
valeurs de coopération.
La question est maintenant de savoir s’il est possible d’enseigner la citoyenneté, celle qui
permet de vivre et d’agir ensemble dans la coopération et la fraternité. Peut-il y avoir
citoyenneté sans accès au savoir ? Ou construction de savoir sans conquête et exercice de
la citoyenneté ? Quels savoirs sont à construire pour une réelle citoyenneté ?
Est-ce alors une affaire de contenus ou de modalités pédagogiques, de thématiques ou de
principes démocratiques à vivre dans la classe pour construire un rapport critique au
savoir ? Comment articuler les deux ? La construction des savoirs peut-elle être une arme
de fraternité pour l’avenir, sans le travail sur les valeurs ? Quels sont ces savoirs qui
nourrissent les intelligences, ces savoirs émancipateurs, co-construits par les élèves qui
permettent de grandir et de (se) transformer ?
Comment la démarche d’auto-socio-construction des savoirs et les projets, en classe
de langue, rendent-ils possible la construction des connaissances et des comportements
qui fondent la citoyenneté (écoute, argumentation, recherche individuelle et confrontation,
prise en compte des différences, décentration par rapport à soi, mise en débat et en
partage avec les autres) ?
L’apprentissage de la citoyenneté à l’école : une utopie ? Comment les langues peuvent-elles
s’inscrire dans ce projet et développer une citoyenneté qui ne peut exister, comme
toutes les valeurs, que dans les pratiques qui l’incarnent ? L’enjeu n’est plus seulement de
devenir citoyen DEVANT le savoir, ni PAR le savoir, mais de devenir citoyen DANS le
savoir.

Auteur: 
Maria-Alice Médioni et le Secteur Langues du GFEN
Date: 
Mardi, 21 Août, 2018
Lieu: 
Vénissieux