Pour apprendre une langue, il faut la parler

Voilà une affirmation qui ne saurait être contestée. Pourtant, ce qui apparait aujourd’hui comme une évidence n’a pas toujours été considéré de la sorte et ce qui semble faire consensus à présent suppose un certain nombre de conditions qui sont autant de paradoxes qu’il me semble utile d’examiner…

L’histoire de la didactique des langues étrangères a connu des mouvements de balancier continuels en ce qui concerne l’utilité de parler une langue pour l’apprendre. En effet, pendant
longtemps la conception dominante a reposé sur la nécessité de connaitre une langue, à travers une focalisation sur la grammaire, puis sur le lexique, puis sur la culture. Jusqu’à la fin du XIXème siècle, l’activité principale requise en classe de langue a été la traduction. Puis l’accent a été mis sur le lexique : pour apprendre une langue, ne faut-il pas, avant tout acquérir le maximum de vocabulaire ? La dimension culturelle a ensuite été mise en avant. Il a fallu attendre les années 1920 et la méthodologie directe active pour dissocier en partie connaissance et pratique de la langue parce qu’on s’est rendu compte que le fait de connaître le fonctionnement d’une langue ne permettait pas automatiquement de la parler. Dans les années 1950, retour du balancier : on pense qu’avant tout il s’agit d’acquérir des automatismes par la répétition intensive de structures. Aujourd’hui, on parle davantage d’autonomie langagière et de construction de compétences aussi bien à l’écrit qu’à l’oral.

Catégorie: 
Articles publiés dans des revues scientifiques nationales avec comité de lecture
Editeur: 
Lire et Ecrire (Belgique)
Revue / Ouvrage: 
Journal de l'Alpha
Numéro: 
172
Pages: 
11-18
Dossier: 
L'oral
Auteurs: 
Maria-Alice Médioni
Pièce jointe: 
Mots-clés: